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Roche liquide

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«J’étais un marchand de vins. J’ai observé la montée en force des vins du Nouveau-monde, des vins tellement compotés. Au fil du temps j’ai fini par devenir un anti-vins du Nouveau-monde. Je ne voulais plus goûter de fruit dans le vin. Je voulais boire de la roche liquide.»

L’auteur de ces paroles, Frank Cornelissen, est probablement un des vignerons dont le travail s’apparente le plus à un sport extrême.

Lorsqu’il en a eu assez des vins surboisés de Napa ou de Bordeaux, il s’est lancé dans une quête aux antipodes. Il a décidé de devenir vigneron. De façon tout à fait autodidacte. Dans une terre où pèsent pourtant lourd les traditions.

C’est sur les flancs de l’Etna, le grand volcan sicilien, qu’il a changé de vie.

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Plaisir pur, sans artifice ni chichi, à Mercurey

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Elle ne se réclame pas du bio, de biodynamie ou du nature, mais ce sont de jolis vins, dépouillés, purs et droits qu’est récemment venue présenter à Montréal Agnès Dewé de Launay, vigneronne à Mercurey en Bourgogne.

Son domaine familial, le Meix-Foulot, (Meix signifiant petite maison agricole en Bourgogne, un peu comme le Mas en Provence), occupe une vingtaine d’hectares dans le seul village de Mercurey, en côte Châlonnaise. On dit y travailler en lutte raisonnée, classification un peu fourre tout, mais qui ici se traduit par un travail de la vigne le moins interventionniste possible, quoiqu’on prendra les moyens nécessaires pour éviter les maladies de la vigne. L’élevage des vins est long et conduit le plus naturellement possible, avec levures indigènes.

Si les vins de Mme Dewé de Launay ne seront probablement pas têtes d’affiches des tables branchouilles du Mile-End qui rivalisent de trouvailles natures, de régions et d’expressions incongrues, ils raviront les puristes qui cherchent un Mercurey classique, bien fait, racé. Car si toutes les cuvées de ce domaine proviennent de ce seul village bourguignon, il est fascinant d’y relever le caractère différent, parfois aux antipodes, de ces vins tous issus des seuls cépages pinot noir et chardonnay, et faits de raisins ayant poussés sur des parcelles de vigne voisines. Le mystère des (micro) climats de Bourgogne révélé encore une fois dans toute sa splendeur.

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Boxe australienne

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Photos SAQ et Wine Rack

Photos SAQ et Wine Rack

«Dans ce deuxième round du match de boxe opposant un kangourou et un wallaroo, que le défendeur décrit comme un mélange entre un wallaby et un kangourou, le kangourou gagne.»

C’est en ces termes imagés que le juge de la cour fédérale Sean Harrington amorce le jugement qu’il s’apprête à rendre. Les juges ne sont pas une espèce qui nous habitue à verser dans l’humour lorsqu’ils prennent la plume.

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Chili, Lafite et Solaia, vous m’en direz tant

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Photo: theberlintasting.com

Photo: theberlintasting.com

«Venez revivre le Berlin Tasting», disait l’invitation reçue l’automne dernier.

Il était question d’y boire les plus grands vins d’Eduardo Chadwick, primés lors de cette dégustation que l’icône du vin chilien qualifie de mythique, au Ritz par surcroît, avec des plats sensés mettre le vins en valeur. Sur papier, ça ne se refuse pas.

J’étais tout de même sceptique.

Le Berlin Tasting d’abord. Une belle idée qui donna en 2004 un scénario à la Miracle on ice, ce film qui relate l’improbable victoire olympique américaine au hockey à Lake Placid en 1980. Le marchand/expert/auteur britannique Steven Spurrier a cette année-là décidé de convier les plus grands noms de la presse vineuse européenne à une dégustation opposant à l’aveugle les grands vins de Chadwick et de grands crus bordelais et toscans.

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Regarnir la cave d’urgence

Certains d’entre vous devront peut-être regarnir leur cave d’urgence en vue des festivités du jour de l’an, après les dommages qu’elle a subie avec la visite du 25. Voici quelques suggestions, avec lesquelles vous ne pourrez pas vous tromper.

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Trois têtes, un style

François Villard, Pierre Gaillard et Yves Cuileron.

François Villard, Pierre Gaillard et Yves Cuilleron.

Quand trois grands vignerons aux tempéraments aussi différents que bien marqués s’associent, lequel l’emporte?

Le rustique, le technique, ou l’élégant?

Pierre Gaillard, Yves Cuilleron et François Villard représentent un peu cette énigme. Tous trois bien implantés dans le Rhône nord, ils se sont associés dans les années 90 pour former un nom bien connu chez nous, les Vins de Vienne. Ville rhodanienne connue parce que c’est là que se trouve une des aoc les plus célèbres de la région, Côte-Rotie.

«Pierre est assez précis. Il a pour ses vins une vision très aromatique, vise le fruité pur. C’est le plus technique. François se démarque par la fraicheur et la tension minérale de ses vins. Moi j’aime faire des vins qui s’inscrivent dans le temps. Je me fous du tout de suite qui est la mode actuelle. Mes vins sont un peu plus rustique», a décrit Yves Cuilleron lors d’un récent passage au Québec en compagnie de François Villard.

Comment trois amis qui ont chacun leur caractère fort en arrivent donc à s’entendre sur la façon de travailler ?

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Chronique fourre-tout

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Ça devient comme un vieux refrain que je vous sers à l’infini, mais c’est la réalité. Je ne vous ai pas gâtés ces derniers mois. En raison du manque de temps pour écrire, surtout. J’aimerais bien vous dire que je vais y remédier.

Pour me simplifier la vie, j’ai décidé de modifier légèrement les critères qui m’amènent à choisir les vins dont je vous parle. Dorénavant, je vous parlerai de TOUS les vins qui me plaisent, sans exception. Qu’ils soient disponibles en importation privée, qu’ils se trouvent à la LCBO, chez le vigneron seulement. Bref, le fait qu’un vin soit d’un arrivage récent sur les tablettes de notre monopole ou qu’un agent vienne de distribuer des échantillons à toute la confrérie de la presse et de la blogosphère vin ne guideront pas mes choix de publication. Ce qui ne veut pas dire que je fermerai les yeux sur ces deux derniers éléments.

Mais le principal critère sera, je l’ai bu, il m’a plu, j’en parle.

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Courage et humilité à la champenoise

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Il faut du courage et de l’humilité pour soumettre ses vins à un groupe de dégustateurs à l’aveugle au travers de bon nombre de ses concurrents.

J’ai assisté à l’une de ces dégustations récemment. Je m’y suis pointé à reculons. C’est que la dernière fois que je m’étais prêté à ce type d’exercice, c’était pour un producteur industriel australien à la bouteille au kangourou sautillant pour ne pas le nommer. À côté d’un shiraz toasté et pachydermique, on avait dissimulé un Côte-Rôti de belle facture. Contre un chardonnay à saveur de bonbon, on avait opposé, toujours à l’aveugle, un chablis bien correct. Le tout animé par un chroniqueur vin bien en vue qui avait accepté moyennant rétribution du producteur de piloter l’exercice de manière à ce que les dégustateurs aient envie de dire que le kangourou était, contre toute attente, meilleur. Cela avait été un fiasco et je m’étais promis de ne plus me laisser embarquer dans pareil exercice.

Mais j’ai accepté la semaine dernière. Par curiosité. Parce que c’est une réputée maison de champagne qui se prêtait à l’exercice.

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Le Xérès, ça ne va pas que dans la sauce

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Je vous parle aujourd’hui de vins qui même pour moi recèlent encore une grande part de mystère. D’abord parce que l’offre chez nous est d’une qualité navrante, les reléguant plus souvent qu’autrement à de simples vins servant à aromatiser la cuisine. Ce qui est une erreur.

On parle de Xérès, ces vins mutés produits à Jérez, au sud de l’Andalousie, en Espagne. Ce sont des vins blancs auxquels est ajoutée une eau de vie au goût neutre qui en fera grimper la teneur alcoolique à près de 15 % pour les Finos, et près de 18 pour les Olorosos. Les barriques dans lesquelles ont laisse le vin vieillir laissent entrer l’air qui, au contact du vin, causera son oxydation lente et créera un voile de levure devenant presque rigide à la surface. Un procédé semblable à celui des vins jaunes, dans le Jura, qui ne sont toutefois pas fortifiés. Cela confère au vin des notes de champignons, de noix, de caramel brûlé. Il sont souvent dotés d’une forte acidité et leur profil ne plaira pas d’emblée à tous les buveurs. Ce sont des vins à méditer, à apprécier doucement.

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Bordeaux désaltérant

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LePuy

Vous avez bien lu le titre. J’ai bel et bien associé ces deux mots.

Je ne vous parle pas souvent de Bordeaux, vous en conviendrez. Pas qu’il n’y ait rien à en dire. Mais j’ai une relation ambiguë avec ses vins. Trop de vins lourdauds, surboisés, très tanniques, trop alcooleux, chers et difficiles d’approche si ce n’est pour les meilleurs, au prix de l’attente de plusieurs années de cave. Bref, le bon petit Bordeaux facile, jeune, gourmand, frais, au caractère fort, il est dur à trouver dans notre monopole d’État. Il y a bien les Jaugaret, Falfas, Lagarette, mais ils ne se trouvent qu’en importation privée et certains disparaissent en quelques jours après arrivage.

Parmi ces exceptions confirmant la règle, trouvable presque partout au Québec, il y a le Château le Puy. Propriété de la famille Amoreau, on y travaille en biodynamie depuis déjà très longtemps à Saint-Cibard, en appellation Bordeaux Côtes de Franc, un peu au nord de Saint-Émilion.

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