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À la découverte des biodynamistes

Par David Santerre

Vins bios, biodynamiques, natures… On vous en parle souvent, sans élaborer puisque ce qui vous intéresse le plus, c’est de savoir si les vins qu’on déguste pour vous méritent de se frayer une place dans votre cellier ou non!

Mais c’est quand même tout un monde à démystifier.

Et cette semaine est probablement la meilleure occasion pour le faire, à l’occasion du salon Renaissance des appellations, qui se tient mercredi 29 février à 17h30 au Loft Hotel à Montréal.

De belles vignes pleines de vie chez Emiliana, au Chili, membre de Renaissance des appellations.

Renaissance des appellations est un regroupement de plus de 200 producteurs du monde adeptes de la biodynamie. Un mouvement dont le maître à penser est nulle autre que Nicolas Joly, propriétaire de la Coulée de Serrant, en appellation Savennières, en Loire.

D’abord, la biodyamie. C’est un art développé par des vignerons qui se refusent à trop d’intervention humaine dans la production du vin.

Les vignerons présents mercredi prochain doivent donc pour faire partie de Renaissance éviter tout désherbant ou pesticide chimique dans leur vignoble. Si la vigne développe des maladies, ils doivent traiter avec des mixtures naturelles seulement.

Dans la vigne, ils épandent des composts aux recettes parfois désopilantes (vessies de chevreuils et achillée millefeuille, vu chez Émiliana au Chili!), et qui servent à entretenir la vie microbienne qui rend forte et auto-protectrice la vigne.

Une vigne dont les racines, mises en compétition avec la flore présente entre les rangs, iront profondément puiser la minéralité et des arômes propres au lieu qui les voit grandir, et qui se transmettront aux raisins.

À la cave, ils doivent élever leur vin sans utilisation de levure industrielle, car des levures sont de toutes façons déjà naturellement présentes sur les raisins. Pas de copeaux de bois dans le vin et pas de barriques neuves dont les arômes boisés masquent parfois le vrai goût du vin. Quand au souffre, ces fameux sulfites ajoutés en guise d’agent de stabilisation et de conservation du vin (ce sont souvent eux qui donnent mal à la tête quand on boit trop de vin!), on prône de ne pas en ajouter. Ou très peu. Ça aussi, le processus de vinification en produit naturellement une infime quantité. Les vignerons travaillant en «nature» n’en ajouteront pas. Ce qui veut dire qu’on en trouvera environ 10 mg par litre dans les rouges, et 25 dans les blancs.

Le taux de sulfites autorisés dans les vins selon différentes chartes, de nature à celle de la Communauté européenne, en passant par Demeter, un organisme de certification en biodynamie.

La biodynamie respecte aussi un calendrier suivant les cycles de la lune, et qui décrète que certains jours sont fruits, fleurs, ou feuilles et racines. Certaines de ces journées seront plus propices à la dégustation ou à la taille de la vigne par exemple.

Ces vignerons sont parfois vus comme des hurluberlus plus ou moins ésotériques. Mais ce sont surtout de vrais passionnés, consciencieux et dont la démarche n’est pas axée sur le marketing. La preuve, le gouvernement européen a récemment adopté une charte établissant les règles minimales pour qu’un vin soit certifié bio. Car n’oublions pas que jusqu’à maintenant, seul le raisin pouvait être certifié bio. Pas le vin qu’on en tirait. Et bien l’écrasante majorité des vignerons travaillant en biodynamie se rient de cette charte, car ils appliquent déjà des normes bien plus poussées.

Goûts standardisés

À l’opposé, il est possible, et même encore courant dans le monde du vin, de voir de grands producteurs user de divers procédés, comme l’usage de levures synthétiques et même aromatiques, copeaux de bois et passage en barriques neuves exagérément «toastées» pour aromatiser le vin, et sulfitage à outrance. Ce qui fera par exemple d’un cabernet sauvignon d’Australie, de France, du Chili ou de Californie à peu près le même vin plus ou moins sans personnalité. C’est une vision que combattent les disciples de Nicolas Joly.

Meilleurs, les vins en biodynamie?

Maintenant, LA question. Ces vins sont-ils forcément meilleurs que les vins produits de façon plus traditionnelle?

Évidemment, les adeptes de la biodynamie diront que oui. Surtout parce que ces vins, sans artifice, seront porteurs des caractéristiques spécifiques au sol et au climat qui leur a donné vie. Des vins de caractère portant la touche de l’original qui les produit. Un argument auquel j’adhère à 100 %.

Cela dit, tous ne sont pas bons. Dans le lot de vins que je déguste annuellement, certains vins biodynamiques m’horripilent, alors que d’autres plus traditionnels m’enchantent. Et vice-versa! Les vins dits natures sont parfois plus instables, et dans une caisse, on tombera peut-être sur une ou deux bouteilles «moins en forme». Et le lendemain, on sera renversé par la pureté et la délicatesse d’un autre!

Parfois, quelques uns présenteront, surtout à l’ouverture, des arômes peu invitants que certains comparent à celle d’un «poulailler». Des inconditionnels diront que c’est normal, et qu’il faut faire avec pour boire des vins propres.

Là, je ne suis plus d’accord. Je crois qu’on ne doit pas devoir faire un effort pour apprécier des vins, qu’ils soient natures, biodynamiques, ou traditionnels.

Le premier critère de sélection d’un vin doit rester son goût! Vous devez boire ce qui vous charme!

Et si ce vin qui vous charme est en plus issu d’une agriculture saine, respectueuse de l’environnement et du produit, tant mieux!

Alors, conclusion, le meilleur moyen, après tout cela, de vous faire votre propre idée, est d’aller flâner au salon mercredi, de rencontrer les vignerons, faire connaissance avec leur philosophie, leur passion et, surtout, leurs vins!

Et il ne s’agit pas là que de produits élitistes disponibles à fort prix en importation privé (il y en a certes!), car plusieurs des domaines présents offrent aussi leurs vins à prix plus que correct en SAQ.

Je ne vous en recommande aucun. Je vous laisse faire vos découvertes. Quant à moi, je vous ferai part des miennes dans un prochain billet.

-Pour tout savoir sur le salon, les horaires, et les évènements en marge de celui-ci, soupers dans les restos mettant en vedette des vignerons ou même diffusion d’un film sur la biodymanie, consultez la page Facebook de Renaissance des appellations Montréal. 

-Il vous est fortement recommandé de réserver votre billet d’entrée, ici.  

Liste des domaines présents au salon Renaissance des appellations.

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